En route pour Bercy : Anouck Jaubert : « j'ai une revanche à prendre cette année »
La spécialiste française de la vitesse le dit elle-même : elle est passée à côté des deux derniers Championnats du monde à Paris en 2012 et à Gijón (ESP) en 2014. Si Anouck ne se focalisera pas uniquement sur les Mondiaux cette saison, elle arrivera bien à l'AccorHotels Arena avec de grosses ambitions. Rencontre.
2016, une grosse année pour les grimpeurs français : as-tu fait de gros changements dans ta préparation, dans ta pratique ?
Oui, nous avons modifié ma méthode sur le haut de la voie. Avec Sylvain (Sylvain Chapelle entraîneur national de la vitesse, ndlr), nous avons commencé à travailler sur ce « chantier » en décembre. Des ajustements de cette ampleur, cela met toujours beaucoup de temps à se mettre en place. Les Championnats de France mi-avril étaient un moyen de m'assurer que ça allait passer. J'ai fait des erreurs à Voiron, mais qui n'avaient rien à voir avec la séquence en question. Je prends le titre, c'était rassurant... Enfin jusqu'à ce qui s'est passé en Chine (rires) !
Explique-nous quels ont été ces changements ?
C'est presque un bouleversement. Je fais en permanence de petits ajustements, décaler un pied par exemple. Mais là cela change tout le mouvement. Cela intervient dans la fin du run, une partie de la voie où il y a beaucoup de prises. Il y a un mouvement où l'on se retrouve à poser en même temps les deux mains et les deux pieds pour faire un « saut ». Je ne faisais pas ça avant, je ne prenais pas toutes les prises et réalisais un crocheté en n'utilisant qu'une seule jambe. Cela me permettait de gagner du temps. Mais derrière, j’atterrissais un peu trop bas pour entamer l'ultime séquence : je perdais finalement de l'efficacité sur les deux derniers mouvements.
Mon point fort, c'est le départ. J'étais souvent devant sur une grosse première moitié de la voie et je me faisais reprendre sur la fin. L'ancienne méthode n'était pas mauvaise. Elle m'a permis de bien avancer pendant deux ans. Mais on trouve, avec Sylvain, qu'elle a atteint ses limites : pour pouvoir rivaliser avec les autres sur la fin du run, il fallait changer.
Est-ce que cela a porté ses fruits sur le début de ta saison internationale ?
C'est difficile à dire. Sur la première étape de Chongqing (CHN), je n'étais pas bien. Je n'arrive pas à l'expliquer, j'avais de mauvaises sensations. Je parviens finalement jusqu'en quart de finale, où je m'incline d'un cheveu contre Aleksandra Rudzinska (POL) qui sort le run de la compétition. Malgré mes mauvaises sensations, je ne fais pas une mauvaise phase finale. Je me suis juste réveillée un peu tard.
Quelques réglages plus tard, une semaine après Chongquing, on remettait le couvert à Nanjing, toujours en Chine. La donne était complètement différente : je me sentais très bien sur l'entame de la compétition. Je sors première des qualifications. J'avais le meilleur tableau possible pour les finales. Mais je fais une erreur en quart, qui m'a été fatale. Dommage.
Sur quel évènement as-tu axé ta préparation cette année ?
Je vois où tu veux en venir : oui, les Championnats du monde de Paris sont le grand rendez-vous cette année. Mais il n'est pas le seul, loin de là ! C'est tout aussi important pour moi de faire des résultats sur le circuit Coupe du monde. J'ai envie de retenter ma chance au classement général, même si c'est mal parti (Anouck terminait 2e du classement de la vitesse 2015, ndlr).
Les Championnats du monde n'ont pas une saveur particulière ?
Si bien sûr. Je suis passée à côté de tous les Championnats du monde auxquels j'ai participé, notamment à Bercy en 2012. Mais aussi à Gijón en 2014. J'ai une revanche à prendre cette année !